« Entrepreneurs innovants, soyez ambitieux ! »

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Pierre-Alain Truan est délégué innovation chez Bpifrance, la banque publique d’investissement. Il reçoit chaque année des centaines de porteurs de projets innovants en région Bourgogne Franche-Comté. Sa mission : transformer les pépites en licornes. Interview.

Neftys : Quelles sont les filières innovantes que Bpifrance finance le plus ?

Pierre-Alain Truan : les BioTech sont toujours aussi présentes dans les projets que nous finançons en innovation. On voit aussi émerger de plus en plus les FinTech, notamment des projets qui touchent à la sécurisation des financements, aux cryptomonnaies ou aux financements alternatifs. Chaque territoire a aussi ses spécialités locales. Ici, en Bourgogne Franche-Comté, il y a beaucoup d’innovations dans l’énergie, la santé, avec les MedTech qui développent des matériels médicaux basés sur les savoir-faire en microtechniques, dans la FoodTech, mais aussi dans les services comme par exemple ceux qui accompagnent le maintien à domicile des patients, la prévention des chutes ou le monitoring des données médicales à distance par les médecins. Mais attention, les financements de Bpifrance ne sont pas fléchés en direction de telle ou telle filière. Nous soutenons l’innovation au sens très large du terme. L’innovation peut aussi se situer dans les procédés industriels, les business models ou l’économie sociale et solidaire.

Que recherchez-vous dans les projets innovants que vous financez ?

La bonne équipe, avec les bonnes compétences et la bonne stratégie ! Il vaut mieux financer une bonne équipe avec un projet moyen : le projet a beaucoup plus de chances de réussir. Nous accompagnons des entrepreneurs qui nous inspirent confiance. La qualité de l’équipe est primordiale et fait rapidement la différence entre les projets. On recherche aussi des projets ambitieux. Bpifrance veut aider les champions de demain, capables de se développer à l’international et de devenir des ETI (Entreprises de taille intermédiaire). Nous ne faisons pas que financer les entreprises, nous les accompagnons aussi pour qu’elles trouvent des relais de croissance futurs, par exemple autour de l’exploitation des données (data), de l’intelligence artificielle ou de la stratégie Design.

Fait-il bon innover en France ? Comme se situe la France en Europe pour le financement de l’innovation ?

Nous sommes extrêmement bien placés ! Nous avons progressé très vite en termes d’investissement dans les entreprises, en nombre de tickets mais aussi en volume global. En 2017, Bpifrance a financé 5 241 entreprises pour un total de 1,3 milliards d’euros en aides et subventions à l’innovation. Les investissements en capital innovation ont progressé de 33 % sur un an. L’Allemagne et la Grande-Bretagne nous envient maintenant la dynamique de notre écosystème. Par exemple, depuis 3 ans, Bpifrance a mis sur pied des accélérateurs de start-up, PME et ETI. Ces derniers marchent tellement bien que nous avons décidé de les décliner au niveau régional, en partenariat avec les acteurs locaux. En créant des accélérateurs dans chaque région, on multiplie le nombre d’entreprises soutenues. Ici, en Bourgogne Franche-Comté, nous sommes en train de créer un accélérateur qui accueillera de 15 à 20 PME. Non, l’Ile-de-France n’a pas le monopole des pépites : dans toutes les régions, il y a des start-up qui peuvent devenir de futures licornes !

 A condition qu’elles soient suffisamment solides financièrement… Comment les entreprises innovantes peuvent-elles mieux gérer leurs difficultés intrinsèques de trésorerie ?

 La première erreur à ne pas commettre, c’est de ne pas en parler. Il faut contraire en parler le plus tôt possible avec son expert-comptable, son banquier ou son conseiller Bpifrance, à quelqu’un en qui on a confiance. Plus le dirigeant anticipe ses problèmes futurs de BFR (Besoin de fonds de roulement), plus on va pouvoir mobiliser des solutions adaptées. C’est quand tout va bien qu’il faut imaginer le pire en termes de trésorerie, pas dans l’urgence et la précipitation. Concrètement, l’entrepreneur doit établir un plan de trésorerie détaillé mois par mois pour repérer en amont ces quelques mois difficiles qui peuvent stopper net l’ensemble du projet. C’est là que le Préficir peut jouer son rôle, en contribuant à renforcer la trésorerie nécessaire pour financer la phase de recherche et développement, notamment pour les PME.

Un dernier conseil aux entrepreneurs innovants ?

Soyez ambitieux ! Les chefs d’entreprise qui viennent voir Bpifrance ne doivent pas avoir peur de présenter des projets innovants d’envergure, qui créent de la valeur et s’exportent à l’international. Nous aurons toujours une solution à leur proposer, que ce soit Bpifrance ou ses partenaires (régions, incubateurs, clusters, pôles de compétitivité, etc.)

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